vendredi 11 juillet 2014

Fondue au chocolat -chapitre 5-



Chapitre 5

Je fais souvent mes courses le vendredi soir, puisque le vendredi, je pouvais rentrer plutôt du travail et puisque le dimanche, je préférais le consacrer à la maison et à moi… mes courses, je les fais toujours dans le magasin du coin, chaque vendredi…Pourquoi je vous raconte ça ? Parce que je croyais, je crois toujours qu’un homme, tel que mon voisin, peut se trouver partout, un vendredi soir, sauf dans un magasin, non ?
Eh bien, je me trompais, il y était, au rayon des boissons, il choisissait tranquillement son jus, un homme tel que lui en train de choisir son jus…c’était…si romantique…si doux…
Je recule…mais avec mon chariot, il m’a vu…juste lorsque j’étais en train de me disparaitre dans un autre rayon…nos yeux se rencontraient…il souriait déjà…si je l’ignorais et je m’en vais, je me sentirais impolie…cette fois, j’ai cédé, il s’avançait dans ma direction, avec un tee-shirt noir et un jean…et je ne sais pas pourquoi dans ma tête, Edith Piaf chantait :’’ tu me fais tourner la tête, mon manège à moi c’est toi…’’ …tout autour de moi basculait…Il avançait…Dieu…que la terre s’arrête de tourner… que tout le monde disparaissait…si je pouvais…si j’osais…je laisserais mon chariot et je l’enlacerais…
-...alors vous faites vos courses ici… ??
-oui…comme d’habitude…
Mais, qu’est qu’il veut entendre en posant ce genre de question :’’ non, je sais que vous êtes ici alors je suis  venue faire mes courses spécialement, ici’’
-Ah ! Vous aussi vous aimez la mousse au chocolat !
What the hell! Maintenant on ose regarder dans mon chariot et c’est quoi cette ‘’vous aussi…’’, d’abord j’ai envie de te dire : est-ce qu’on se connait ? 
Sa main s’étend vers le chariot, il attrapait le paquet de la mousse au chocolat…
-Pas la peine d’acheter ça, je vais vous apprendre comment faire la plus délicieuse des mousses au chocolat …j’ai une bonne recette et c’est facile à faire…
Peut-être que j’ai mal entendu, mal compris… maintenant, monsieur parle de recette de mousse au chocolat, il ne manquait plus que ça…non…non mais…cerise sur le gâteau : ‘’je vais vous apprendre…’’, j’hallucine, il pousse la barre encore plus haut…
Comme je n’ai pas répondu, il continuait :
-Ces préparations…c’est inutile…il faut préparer soi même sa nourriture, c’est plus sûr et c’est un plaisir…
La blague du siècle !…non mais je rêve, même en rêves, je ne voyais jamais un homme tel que lui me parler de nourriture…
Je restais silencieuse…
-Vous vous demandez certainement pourquoi je vous parle comme ça directement de recettes et de cuisine…je dois vous avouer que c’est une histoire de famille, mon père est chef cuisinier, ce qui a fait de moi…disant… un amateur en ce domaine…je ne supporte pas la vue de tous ces paquets qui contenaient des repas congelés, ces pâtisseries toutes faites ….et puis, ce paquet m’a permis de vous parler un peu plus longtemps…    
J’ai souri, je ne pouvais plus, il l’a avoué d’une manière…tout ça parce qu’il voulait me parler encore plus longtemps…ahhh !!! Je suis fière…mais je ne savais ni quoi dire, ni quoi faire…à part afficher ce sourire qui devenait débile…
-En tout cas, maintenant qu’on est voisins, vous n’allez plus avoir besoin de ça…
Ça sonne comme une promesse…Il rangeait le paquet dans le rayon…il était aux anges, amusé, satisfait…et irrésistible…
-je vous laisse continuer vos courses, alors, au revoir…
Il disparaissait…
L’idée qui m’a tout de suite effleurée l’esprit, la nuit, quand j’ai posé ma tête sur l’oreiller,  que pour être si parfait, il y a deux possibilités : ou bien, il était homosexuel ( et ça je suis sûre que non puisqu’il y a les Louboutin noirs), soit, il souffre de trouble de personnalité…pervers !
Le dimanche soir, je regardais la télé en regrettant mon paquet de mousse au chocolat, si je l’ai, je serais maintenant en train de la déguster, ma mousse au chocolat, tranquillement, sur mon canapé…depuis le vendredi, Mr. Chocolat n’a pas donné signe de vie, je crois, qu’avant notre rencontre dans le magasin, il avait un peu bu, ce qui explique tout d’ailleurs…
Le dimanche, je me permets une sieste même à 18h du soir, le dimanche est souvent lourd et il n y’a que le sommeil qui peut lutter contre cette lourdeur…Le marchand de sable était sur le point de m’emporter avec lui, quand j’entendais la porte frapper…
J’ouvre et ce n’est pas la peine de vous dire c’était qui…
-Vous venez ?
La porte de son appartement est grande ouverte, une bonne odeur de gâteau se dégageait …et lui, comme un enfant,  ses cheveux étaient irrésistiblement en désordre, ses mains blanches de farine…je me demandais si c’était le même homme qui prenait chaque matin l’ascenseur avec moi…  
Je ne comprenais rien, mon visage affichait une seule réponse-question : ‘’WHAT ?’’
-je  t’invite ! viens…
Pardon ? Tu me tutoie quand tu veux, tu me vouvoie quand tu veux, tu te présente quand tu veux, tu traine avec des blondes, tu m’ignore, tu me voles ma mousse au chocolat et maintenant tu m’invite…
-je ne peux pas.
Ahhh !!! Il arrive des fois où je suis fière de moi, je suis raisonnable, Je décide, je parle, je ne peux pas…
-mais si, tu peux, si tu veux apprendre comment la préparer cette mousse au chocolat… et … comme j’ai deviné que tu aimes le chocolat, je t’ai préparé un gâteau au chocolat…
J’ai l’impression que Blanche neige chantait, au fond, ‘’un jour, mon prince viendra…’’ ; je veux dire, c’est quoi ce délire, ce n’est plus drôle…
-je t’attendrais, je laisserais la porte ouverte…
OK ! D’accord ! je cède….c’est …plus fort que moi…J’ai mis un gilet par-dessus mon pyjama…maintenant…je suis sûre et certaine que rien ne va se passer entre nous, je veux dire, cette tenue me donnait plus de confiance qu’il ne va jamais me toucher…d’accord….je fermais la porte de mon appartement…
Son appartement était juste en face du mien, je frappais à la porte ouverte…et, ce qui m’a frappé, tout de suite, c’est l’immensité de la bibliothèque qu’il a, comme le déménagement s’est fait en journées pendant que je travaillais, je n’ai aucune idée de ce que ressemble son chez lui et à part cette bibliothèque , il n’ y a rien de spécial…il y avait encore des cartons de livres qui n’ont pas été déballées…il n y a rien de spécial et pourtant…je sentais que c’est accueillant, chaleureux, lumineux…
-Viens voir… Sa voix me réveilla
Je ferais mieux de m’enfuir…j’avançais vers la cuisine…il était entrain de battre manuellement sucre et jaunes d’œufs, l’air sérieux…
fuir avant qu’il ne soit trop tard…
Selon moi, il n’y a pas plus séduisant qu’un homme qui cuisine…et lui…c’était un Homme qui cuisine pour moi…
-Approche, tu veux bien ? 
Qu’est ce qu’il veut encore ? Me faire perdre la raison ? S’il m’approcherait, je m’évanouirais sur le champ…
-tu as vu, il faut les battre jusqu’à ce que le mélange devient homogène…il faut juste….
Je ne l’écoutais plus, il me parlait, naturellement, me regardait dans les yeux, faisait des blagues, souriait…
Je suis sûre que dans sa vie antérieure, il me connaissait…il était amoureux de moi…déjà… ??? je sais je suis si irrésistible…
-goûte…
Il me tendait une cuillère de chocolat fondu et me fixait…
Forcée et perplexe, je goûtais un peu et …ce qui resta dans la cuillère, c’est lui qui l’avala…lui…
D’accord, je dois m’en aller, là, maintenant ou jamais…
-C’est bon mais je dois rentrer…
IL s’est arrêté…me regarda longuement, sérieusement…
-Comme tu veux.
Devant mon silence (au fond, ma déception), il ajouta :
-maintenant tu sais comment préparer ça…
Oh ! Ça, mais, bien sûr que…maintenant,  je sais… 
-Au revoir.
Je fuyais presque, c’était beaucoup trop pour moi, je ne le connais pas assez…puis…il y a les Louboutin noirs…ce n’est pas la peine d’en faire de la mousse au chocolat toute une histoire, je trouve…
J’arrivais jusqu’à la porte de mon appartement… 
???...non…non ?...non ?...oui…mes clefs à l’intérieur, je les ai oublié, à l’intérieur, j’ai envie de pleurer, je sentais déjà mes larmes qui montaient…je n’ai aucun choix, je dois revenir, demander son aide…

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